Tickets restaurants: « On n’a rien vu venir », récit d'un revirement en urgence du gouvernement
Le gouvernement fait marche arrière: les pâtes, le riz ou la viande pourront toujours être payés avec les tickets-restaurants en 2024. Récit d'un fiasco politique au sommet de l’État.
Photo: Elisabeth Borne au JT de TF1 le 16 mars 2023
Moins de 24h, c’est le temps qu’il a fallu au gouvernement pour prolonger la possibilité de payer une partie de ses courses alimentaires avec des tickets restaurants. La mesure, votée en août 2022, devait prendre fin en décembre mais la levée de bouclier a été telle que l’exécutif a reculé. « On n’a rien vu venir », reconnaît un conseiller de l’exécutif. Le gouvernement, aux prises avec le projet de loi immigration n’avait pas l’intention de revenir sur la fin du dispositif.
« Les ménages sont pris à la gorge »
Le sujet planait, pourtant, depuis plusieurs semaines, dans l’opinion publique. Les titres-restaurant sont utilisés par plus de 5 millions de salariés et touchent directement au quotidien des Français. A l’Assemblée ce mardi, le gouvernement, interpellé par la droite sur le sujet, livre une réponse technocratique sous l’œil morne d’Élisabeth Borne. En interne, les députés macronistes s’inquiètent: Paul Midy demande des éléments de langage sur le sujet sur la boucle Telegram du groupe Renaissance. « L’inflation est toujours là et les ménages sont pris à la gorge, réagit vivement la députée Nadia Hai. Acheter un paquet de pâtes pour faire le dîner et garder un Tupperware pour déjeuner au bureau c’est le quotidien de milliers de personnes qui sont très justes dans le mois », poursuit la vice-présidente de la commission des finance, soutenue par plusieurs camarades, tels Stella Dupont, qui appartient à « l’aile gauche » de la majorité. « On pouvait décaler sans problème », renchérit l’élue de Maine-et-Loire.
Au Sénat, la gauche rejoint la droite pour sauver la mesure: « C’est une victoire de la malbouffe » s’insurge le sénateur communiste Ian Brossat. « Cela va pousser les Français à acheter des plats transformés dont on sait qu’ils sont trop salés ou trop sucrés ». De son côté, le sénateur socialiste Rémi Cardon dénonce « une décision lamentable ». A l’Assemblée, le Rassemblement national n’est pas en reste et se dit prêt à déposer sa propre proposition de loi. Cette fois, le gouvernement réagit. Matignon donne l’ordre de reculer. En urgence, Bruno Le Maire annonce « étudier une prolongation du dispositif » lors d’une audition au Sénat mardi en fin d’après-midi. Insuffisant. La ministre Olivia Grégoire fonce sur M6 le soir-même pour le JT tandis que Bruno Le Maire s'invite sur Europe 1 chez Sonia Mabrouk le mercredi matin.
« Ils sont hors sol, c’est effrayant »
Il y a urgence, d’autant que l’Insee publie ses chiffres sur la pauvreté dans la soirée: ils sont catastrophiques. 9,1 millions de personnes sont concernées soit 14,5 % de la population en 2021 contre 13,6 % en 2020. L’inflation est venue frapper de plein fouet les plus précaires. « La France sort de l’épisode Covid en 2021 avec un taux de pauvreté supérieur à celui qu’elle avait quand elle y est entrée », écrit l’institut. « Pas question de laisser le RN s’engouffrer dans la brèche », lance Borne à ses troupes. La Première ministre a fait de la lutte contre l’extrême-droite une affaire personnelle, répétant que son action est tournée vers le quotidien des Français.
A Bercy, les crânes d’œufs du ministère rechignent: il faut de nouveau légiférer, trouver « un véhicule législatif », comme le disent les conseillers de Bruno Le Maire, plus préoccupé de plaire aux syndicats de la restauration, vent debout contre la mesure qui les prive, selon eux, de potentiels clients. « Ils sont hors sol, c’est effrayant », soupire un éminent parlementaire de la majorité. Ce mercredi matin, le ministre de l’Économie assure désormais qu’«il n’y a pas de revirement. J’ai toujours été favorable à cette prolongation », affirme avec componction Bruno Le Maire sur Europe1. Une version battue en brèche par la réalité des faits. « Les tickets restaurants ne sont pas la panacée, mieux vaudrait agir sur les salaires, assure un bon connaisseur du dossier, mais face à l’explosion de la pauvreté, ils sont devenus essentiels aux salariés français ». Triste constat.
Il serai temps qu'Olivia Gregoire ressorte ses recettes de cuisine pour l'école. Les français sont bêtes, ils achètent des écrans plats au lieu d'un kilogramme de patates. Je propose qu'on apprenne la recette des patates bouillies à l'école.