Loi immigration: Vers un schisme des députés macronistes?
Les députés macronistes qui ont voté contre la loi immigration s'interrogent sur leur avenir dans le groupe Renaissance
Photo: L’Assemblée nationale a voté la loi immigration le 18 décembre (capture d’écran LCP)
Ce n’est pas un secret, les macronistes ont la gueule de bois après les débats sur la loi immigration à l’Assemblée. « Je ne peux pas vous parler, c’est encore trop douloureux », m’écrit mercredi un député macroniste, à l’image de certains de ses camarades, tiraillé entre sa loyauté envers le président et ses convictions personnelles sur un texte qui reprend le programme du RN. Il a voté contre. Macron peut bien claironner sur les plateaux télé qu’il n’y a « pas de crise », comme il l’a fait hier dans C à vous sur France 5, l’incendie brûle au sein même de ses propres troupes, comme je l’écrivais déjà sur Politis. Près d’un quart des députés de la majorité n’ont pas voté en faveur du texte. Un parlementaire sur quatre. C’est énorme pour un groupe souvent affublé, à tort, du sobriquet de « Playmobil ». « La majorité est désunie », reconnaît Élisabeth Borne en privé avec ses collaborateurs. Un échec personnel pour la Première ministre, qui promettait la semaine dernière avoir à cœur de « sauvegarder l’unité » des troupes? ». Voire. « J’ai le sentiment du devoir accompli », assure-t-elle le lendemain du vote sur France Inter. « Babou sait qu’elle va dégager lors du remaniement à la mi-janvier, Macron l’a bien essorée, c’est terminé », croit savoir un conseiller de l’exécutif. Pas d’états d’âme.
« Si on se casse, il faut le faire en beauté »
Deux salles, deux ambiances. A l’Assemblée, c’est le contraire. Au lendemain du vote, une trentaine de députés échange sur leur avenir au sein du groupe Renaissance. L’ambiance n’est pas à la fête. Les boucles des Marcheurs de la première heure vibrent au son des reproches: « On ne s’est pas engagé avec Macron pour s’aligner sur le RN », gronde même une ancienne ministre. Certains évoquent même la création d’un nouveau groupe à l’Assemblée. Parmi eux, Nadia Hai, Mireille Clapot, Stella Dupont, Cécile Rilhac, Sacha Houlié… « Nous en sommes au stade de la réflexion, la loi immigration nous pose un vrai problème à la fois sur le plan idéologique et organisationnel. Si on se casse, il faut le faire en beauté », avance l’un d’eux. La version de la loi avant son passage au Sénat leur convenait, c’est après son durcissement par la droite sénatoriale que les ennuis ont débuté. « Je ne suis pas une gauchiste, ironise l’un des élus. Certaines mesures, en particulier sur le plan de la sécurité me conviennent mais d’autres sont en contradiction avec mon engagement macroniste ».
Instauration de quotas économique, limitation du regroupement familial, suppression de l’AME, exclusion des personnes étrangères en situation irrégulière d’une réduction tarifaire dans les transports, fin de l’automaticité du droit du sol, extension de la déchéance de nationalité ou encore fin de l’universalité des prestations sociales… « Cette loi, c’est le musée des horreurs », pointe un député qui a voté contre. Pour autant, pas question de foncer tête baissée. Le fiasco de l’aventure « EDS » (Ecologie Démocratie Solidarité) demeure vif chez les élus macronistes. Lancé en 2020 avec d’anciens Marcheurs comme Matthieu Orphelin (proche de Nicolas Hulot), ou encore des LREM de l'aile gauche tels Aurélien Taché ou Cédric Villani, le frêle esquif avait sombré en à peine six mois, avec le départ calculé de l’un de ses membres. « Nous refusons le terme de frondeurs. Nous avons simplement des sensibilités différentes » assurent Stella Dupont et Mireille Clapot en chœur sur BFM.
« On lui a demandé pourquoi il était encore là et pas en train de faire ses cartons »
En attendant, l’heure est au règlement de compte. Contre les chefs à plumes de Renaissance et notamment Sylvain Maillard, jugé « en dessous de tout » par ses pairs. Le président du groupe s’est déjà pris une soufflante de l’Elysée pour ne pas avoir su anticipé la motion de rejet et réunir ses troupes avant le vote. Le voilà désormais accusé d’avoir « joué un double jeu » avec ses propres députés pour faire passer la loi immigration. Contre Élisabeth Borne, qui aurait dû « abandonner le texte » après la motion de rejet des écolos et laisser la place, vitupèrent des parlementaires. Les regards se tournent aussi vers les ministres qui ont menacé de démissionner sans passer à l’acte. Premier d’entre eux, Clément Beaune, devenu la risée de la gauche mais aussi de ses petits camarades.
Le dîner de Noël à Matignon mercredi soir a viré au supplice pour le ministre des Transports, devenu le vilain petit canard du gouvernement. Entre les huitres et le poisson, « on lui a demandé pourquoi il était encore là et pas en train de faire ses cartons », se marre le conseiller d’un ministre en vue. Macron a donné la tonalité en fustigeant ceux qui ne sont pas allés jusqu’au bout de leur raisonnement: « On a le droit de se poser des questions, mais nos responsabilités nous obligent », a lancé le président sur France 5 mercredi soir. Le chef de l’État a en revanche déclaré « respecter » le choix d’Aurélien Rousseau. Les députés? « Macron ne les calcule même plus, pour lui, ils lui doivent tout. Dans sa tête, la macronie est une machine, quand la mécanique s’enraye, il change les pièces pour continuer à avancer », assure ma source. Le président n’imagine pas finir par en manquer…
Donc le "réel" est d'extrême droite ... Je vais en parler au réchauffement climatique et aux inégalités sociales monstrueuses ...